Michael Wolf développe depuis près de 15 ans une recherche unique sur la vie dans les villes et leurs structures architecturales.
A Hong Kong, il orientait son appareil photographique vers les bâtiments frappants dʼaustérité qui caractérisent cette mégapole. Le résultat – visible dans la série «Architecture of Density»– en était presque abstrait.
Lʼintérêt de Michael Wolf pour les habitants de ces espaces et leurs rapports à la cité sʼaccrut par accident lorsqu’il agrandit un détail des immeubles vitrés quʼil photographiait alors dans Chicago. La série «Transparent City», issue de ce travail, juxtapose des images dʼimmeubles et des focus sur des intérieurs, tirant des détails de la vie intime de leurs occupants.
La curiosité du photographe – bien quʼaccidentelle – pour ces scènes de vie quotidienne sʼest accentuée et Michael Wolf s’est alors intéressé à la gigantesque banque d’images «volées» que représente «Google Street Views». Avec une grande précision il a alors recadré et isolé certaines scènes de vie dans les rues de Paris. Guidant notre regard, Michael Wolf mit en exergue les petites habitudes de nos vies urbaines dans des images où humour, absurdité, mais également esthétisme se mêlent, tout en soulevant la question de la surveillance constante des espaces publics. L’intrusion était d’ailleurs déjà le sujet principal de la série «Tokyo Compression» réalisée dans le métro de Tokyo.
Si la série «Street View» se déroulait pour partie en France, l’architecture française n’était qu’indirectement évoquée. Vivant entre Hong-Kong et Paris depuis une dizaine d’années, Michael Wolf souhaitait donner sa vision de Paris. Et la question revenait, incessante et frustrante : comment photographier cette ville qui a été le sujet de tant de photographes ? Comment apporter une vision différente d’une ville qui architecturalement a peu évolué depuis plus d’un siècle ?
C’est justement une des caractéristiques principales de l’architecture parisienne qui va lui apporter un angle nouveau : les toits de zinc, présents depuis le XIXè siècle haussmannien et si particuliers en comparaison des autres capitales mondiales.
Du haut des immeubles, cherchant des points de vue originaux, hissé près des cheminées, Michael Wolf photographie. Des dizaines de terrasses en hauteur seront ainsi visitées au cours de l’été et de l’automne 2014 : en résulte une série époustouflante, extrêmement frontale, d’une force d’abstraction inenvisageable lorsque l’on est familier de l’architecture parisienne : des forêts de cheminées se dressent, les arêtes des bâtiments se suivent et se répondent, le regard s’ouvre sur une trouée qui vient scander l’image, les murs se transforment en aplats de couleurs. Mais comme toujours dans le travail de Michael Wolf, la présence humaine n’est jamais loin : en regardant avec précisions les détails de certaines photographies, on devine la vie qui s’immisce jusque dans les photographies les plus abstraites: une silhouette derrière un rideau, un ouvrier qui répare une gouttière, des graffitis d’amoureux peints à même le mur, là, très haut, près des nuages.
Où: La Galerie Particulière – 11-16 Rue du Perche – 75003 Paris
Quand: jusqu’au 1er mars 2015