Les pointures du marché
DANIEL TEMPLON
Ardent défenseur de la création depuis plus de quarante ans, ce fin stratège représente de grands noms du marché international (Eric Fischl, Jim Dine, Ivan Navarro…) et des artistes français de premier plan (Philippe Cognée, Loïc Le Groumellec…).
Son artiste phare : peintre et sculpteur, Gérard Garousteest passionné par les mythes, les religions et l’iconographie religieuse. Sa cote a explosé dans les années 1980, lorsque Leo Castelli l’a exposé à New York. Le Centre Pompidou possède six toiles majeures. Son actualité : une rétrospective à la Villa Médicis à Rome (jusqu’au 29 novembre).
Galerie Daniel Templon, 30, rue Beaubourg (IIIe). Tél. : 01 42 72 14 10.
THADDAEUS ROPAC
D’une courtoisie qui n’est pas feinte, d’une discipline de fer cachée sous le sourire, cet Autrichien de Paris a l’énergie des marathoniens pour mener de front ses deux galeries de Salzbourg et de Paris. Au pays des Habsbourg, il a exposé Warhol très tôt, mais aussi Beuys, Basquiat, Clemente ou Keith Haring. À Paris, il a eu d’emblée l’ambition des grandes galeries de Chelsea, conjuguant notoriété et sérieux, vernissages chics et soirées jet-set de l’art.
Son artiste phare : dans son écurie de 60 artistes, beaucoup de stars comme Baselitz, Antony Gormley, les Kabakov, Tom Sachs, Banks Violette. Mais aussi, des ovnis tels Matali Crasset,Harun Farocki, Wolfgang Laib et la merveilleuse Sturtevant.
Galerie Thaddaeus Ropac, 7, rue Debelleyme (IIIe). Tél. : 01 42 72 99 00. www.ropac.net
JÉRÔME DE NOIRMONT
À la cour et à la ville, Jérôme et Emmanuelle de Noirmont forment un couple glamour que l’on voit partout (foires, inaugurations et fêtes). Ils sont de vrais galeristes de premier marché, qui produisent et promeuvent les artistes pris sous leur aile. Un vrai pari pour Jérôme, qui débuta comme antiquaire avant de se lancer dans l’art contemporain en ouvrant, en octobre 1994, rive droite, un espace tout blanc, au pire de la crise.
Leurs artistes phares : leur stratégie a été de présenter des artistes méconnus en France commeJeff Koons, dont le Split Rocker (250 tonnes) fut acheté 12 millions de francs par François Pinault, exposé à La beauté en Avignon (été 2000) puis en 2008 à Versailles. Ou l’Iranienne Shirin Neshat, dont ils ont coproduit le long-métrage Women Without Men, lion d’argent à la dernière Mostra de Venise.
Galerie Jérôme de Noirmont, 36-38, avenue Matignon (VIIIe). Tél. : 01 42 89 89 00.www.denoirmont.com
KREO
Art contemporain et design ne font qu’un. Clémence et Didier Krzentowski ont été les premiers à promouvoir des designers – Garouste et Bonetti, Szekely, Newson – auprès des industriels Perrier, Ricard ou Carrefour. Après la rue Louise-Weiss (XIIIe) où il a ouvert, en 1999, un premier espace pour ses créations en séries limitées, ce couple pétillant a inauguré, en 2008, une splendide galerie à Saint-Germain (VIe).
Leurs artistes phares : ces pionniers ont lancé Newson et Szekely, avant qu’ils ne deviennent les designers les plus chers du monde ! Ils ont eu le flair de défendre les frères Bouroullec, Pierre Charpin, Hella Jongerius ou les Radi Designers. Et les anciens, Alessandro Mendini ou Ettore Sottsass.
Kréo, 31, rue Dauphine (VIe). Tél. : 01 53 10 23 00.
YVON LAMBERT
Mince comme un pasteur, accent chantant de Provençal, Yvon Lambert a fêté en 2006 ses 40 ans de galeriste à Paris. Mélange de chef sioux et d’enfant rêveur, ce fin connaisseur de la poésie française (Rimbaud, Mallarmé) crée l’événement à New York comme à Paris, dans des lieux qui lui ressemblent, entre ascétisme, vrai goût et avant-garde extrême.
Ses artistes phares : à peu près tous les musts de la scène contemporaine, Nan Goldin, Douglas Gordon, On Kawara, Jenny Holzer. Et les jeunes, Charles Sandison ou Francesco Vezzoli (à voir au Jeu de paume)
Galerie Yvon Lambert, 108, rue Vieille-du-Temple (IIIe). Tél. : 01 42 71 09 33. www.yvon-lambert.com
KARSTEN GREVE
D’une réserve farouche, puis d’une passion brûlante pour l’art, Karsten Greve a gardé les caractéristiques du collectionneur qu’il fut pour mener de front ses galeries de Cologne et Paris : vingt ans déjà dans le Marais, fêtés par une exposition haut de gamme (jusqu’au 14 novembre). À Bâle, Miami ou Cologne, Karsten reste debout dans ses accrochages, recueilli comme dans une église.
Ses artistes phares : des maîtres comme Josef Albers, Beuys, Cornell, Dubuffet, Fontana, De Kooning. Et des légendes vivantes, comme Louise Bourgeois, Soulages, Twombly, Kounellis.
Galerie Karsten Greve, 5, rue Debelleyme (III e ). Tél. : 01 42 77 19 37.
Les jeunes confirmés
EMMANUEL PERROTIN
Son parcours relève de la persévérance. Obsédé par la réussite, le quadra, à tu et à toi avec le microcosme branché parisien, a réussi en moins de vingt ans à se faire un nom à l’international. De Miami (où il possède une seconde galerie) à Basel, il est de toutes les foires pour défendre son écurie (Sophie Calle, Jean-Michel Othoniel, Maurizio Cattelan…).
Son artiste phare: Takashi Murakami. Le Japonais, né en 1962, star de la culture manga, mixe en toute liberté les inspirations traditionnelles et les techniques les plus avant-gardistes. Véritable artiste néopop (dont la cote atteint les millions de dollars), il électrise tout ce qu’il touche. On lui doit la colorisation flashy de la vénérable toile Monogram de Louis Vuitton : un hit planétaire.
Emmanuel Perrotin, 76, rue de Turenne (IIIe). Tél. : 01 42 16 79 79.
NATHALIE OBADIA
Précurseur dans l’art contemporain, la galeriste a fourbi ses armes chez Templon avant de s’installer rue de Normandie, puis rue du Grenier-Saint-Lazare avec une dream team d’artistes qui ne cessent de grimper à l’échelle internationale (Fiona Rae, Martin Barré, Joana Vasconcelos ou Rosson Crow, à voir à partir du 28 novembre). Depuis, elle a encore déménagé dans le Marais et ouvert une seconde galerie à Bruxelles.
Son artiste phare: Carole Benzaken, qui a débuté en peignant des tulipes géantes montrées à la galerie Zürcher et à la Fondation Cartier en 1994. Elle s’est ensuite distinguée avec des captures d’écran de télévision au moment de la mort de Lady Di. Puis, revenue d’un intermède de cinq ans en Californie, Carole Benzaken, née en 1964, reconnue par ses pairs, a reçu le prix Marcel-Duchamp en 2004 et a été exposée au Centre Pompidou.
Galerie Nathalie Obadia, 3, rue du Cloître-Saint-Merri (IVe). Tél. : 01 42 74 67 68.
GEORGES-PHILIPPE ET NATHALIE VALLOIS
Ce duo au caractère trempé a ouvert son premier espace au 38, puis au 36, rue de Seine, en septembre 1990, au début de la crise. Pas une pièce vendue pour leur première exposition d’œuvres sur papiers de 1960-1970 signées Eva Hesse, Richard Serra ou Bruce Nauman, stars d’aujourd’hui ! Ces pionniers ont montré en 1993 la scène californienne, dont Paul McCarthy. Ils s’imposent comme les spécialistes des « nouveaux réalistes » (Jacques Villeglé). Et défendent la jeune scène française.
Leurs artistes phares : le Français Gilles Barbier exposé, dès novembre, au Mori Art Museum de Tokyo ; Vincent Lamouroux , star de « Constellations » avant le Centre Pompidou-Metz ; Alain Bublex, qui a carte blanche, pendant la Fiac, pour une installation Habiter 2050.
Galerie Vallois, 36, rue de Seine (VIe). Tél. : 01 46 34 61 07. www.galerie-vallois.com
HERVÉ LOEVENBRUCK
Pour rien au monde, ce sémillant quadra – qui a organisé pour son récent mariage des compétitions de chameaux dans le désert marocain avec ses collectionneurs américains – ne quitterait son petit espace de Saint-Germain-des-Prés, bourgeonnant de jeunes artistes français ! Ce fonceur à l’œil marron-vert charmeur produit depuis huit ans les noms de la jeune scène française, tous présents à la Force de l’art ou au Palais de Tokyo.
Ses artistes phares : Philippe Mayaux , Prix Marcel-Duchamp 2006, exposé à Beaubourg ; Bruno Peinado, exposé au Palais de Tokyo en 2006 ; Fabien Giraud et Raphaël Siboni, étoiles montantes qui signent pour la Fiac un feu d’artifice de 800 bombes. C’est l’architecte Édouard François qui réalise son stand à la Cour carrée.
Galerie Loevenbruck, 40, rue de Seine et 2, rue de l’Échaudé (VIe). Tél. : 01 53 10 85 63.www.loevenbruck.com
KAMEL MENNOUR
Kamel, c’est le grand gaillard caché derrière son BlackBerry, toujours entre deux conversations, deux voyages, deux artistes. Pour Claude Lévêque et son Grand Soir à la 53 e Biennale de Venise, il a transformé l’hôtel particulier d’une comtesse en salon parisien. Quand Yona Friedman a dessiné une licorne géante sur l’île de Vassivière, il l’a escorté en hélicoptère pour la vue en grand-angle. Ambitieux et humain, bon père et fils aimant, ce végétarien vient de fêter ses dix ans, toujours sans boire une goutte d’alcool !
Son artiste phare: difficile de choisir entre Martin Parr et Alberto Garcia-Alix, Buren, Morellet et Huang Yong Ping, Kawamata le magique Sigalit Landau .
Galerie Mennour, 47, rue Saint-André-des-Arts et 60, rue Mazarine (VIe). Tél. : 01 56 24 03 63.www.galeriemennour.com
Les valeurs montantes
JOCELYN WOLFF
Jeune galeriste de 37 ans, ce Strasbourgeois a travaillé au Credac (Centre d’art contemporain d’Ivry-sur-Seine) avant d’ouvrir sa galerie en 2003, rue Rébeval, aux Buttes-Chaumont, et de s’agrandir en 2006 en descendant à Belleville. Figure montante de la scène artistique, Jocelyn Wolff nourrit les échanges entre Paris et Berlin (où il s’est installé, dans le quartier du Mitte) et défend bec et ongles l’avant-garde germano-suisse (Franz Erhard Walther, Valérie Favre, Miriam Cahn…).
Son artiste phare: Guillaume Leblon (jusqu’au 31 octobre), 38 ans, artiste conceptuel diplômé des Beaux-Arts de Lyon, qui réalise des installations d’objets quotidiens transformés (transat en verre et bois) replacés dans un contexte décalé (Group Show à la Fiac).
Galerie Jocelyn Wolff , 78, rue Julien-Lacroix (XXe). Tél. : 01 42 03 05 65.
ÉRIC DUPONT
Silhouette longiligne à la Lucky Luke et délicatesse de gentilhomme, Éric Dupont a imposé son rythme, paisible, profond, original, sur une scène survoltée. Il nous vient d’Auch et de Toulouse, mais en dix-huit ans de galerie, Paris l’a fait sien. Avec ses jeunes pairs, il a créé Show Off en 2006 à l’Espace Cardin, version peps, franche et libertaire de la vénérable Fiac.
Ses artistes phares : Éric Dupont est un fidèle. Grâce à lui, on suit le peintre Damien Cabanes, la photographe Regina Virserius, le magicien de l’écran vidéo Yazid Oulab.
Galerie Eric Dupont , 13, rue Chapon (IIIe). Tél. : 01 44 54 04 14.
SCHOOL GALLERY
Ne vous fiez pas au côté ébouriffé d’Olivier Castaing, 40 ans, créateur de la School Gallery dans une maison privée à deux pas de Marian Goodman. Il sait ce qu’il veut. Après dix-huit ans dans le Net et la com, ce petit-fils de peintre prospecte en chercheur d’art.
Ses artistes phares : multiplier les horizons, c’est l’esprit du lieu. Amérique latine avec Marie Orensanz, Pablo Reinoso. Russie avec Yuri Toropsov. Suède avec Joakim Eneroth, Susanna Hesselberg. Japon avec Lucille Reiboz.
La School Gallery, 81, rue du Temple (IIIe). Tél : 01 42 71 78 20. www.schoolgallery.fr
LA B.A.N.K.
Créée en 2005, la B.A.N.K. est le pari de Céline Brugnon, ex-directrice de la galerie Kamel Mennour, et de Marie-Céline Somolo, qui a fait ses armes au Triage à Nanterre. Deux niveaux sur 200 m² permettent des installations de grandes dimensions et une salle de projection permanente. Le Videodrome, installé au sous-sol, fait partager le cinéma expérimental, peu visible dans le champ de l’art contemporain. La programmation choc de ce duo féminin fait sensation.
Leurs artistes phares : à l’exposition de groupe inaugurale, « Dreams Are my Reality », neuf artistes : Frank Bauer, Katia Bourdarel, Sylvain Ciavaldini, Lili Fantozzi, Curt Hoppe, Corinne Marchetti, Masaaki Sato, Kate Waters et Virgil Widrich. Valeurs à suivre : Serge Leblon etMounir Fatmi.
B.A.N.K, 42, rue Volta (IIIe). Tél. : 01 42 72 06 90. www.bankgalerie.com
MAGDA DANYSZ
Soutenir les artistes émergents et favoriser au plus grand nombre l’accès à l’art. Voilà Magda Danysz qui offre une programmation atypique, mêlant art visuel, art numérique, art urbain, dans son espace minimaliste. Il y a un an, cette fonceuse qui n’a pas froid aux yeux ouvrait une nouvelle galerie dans le Bund, le quartier le plus dynamique de Shanghaï.
Ses artistes phares : au fil des ans, ils nous sont devenus familiers : Miss Van ou Obey (art urbain), Ultralab (création numérique), Mark Ryden, Marion Peck et Eric White (pop surréalisme, mouvement pictural américain). À l’occasion de la Fiac, exposition « From Style Writing to Art », avec sortie d’une anthologie sur le street art, mouvement artistique majeur au tournant du XXIe siècle.
Galerie Magda Danysz, 78, rue Amelot (XIe). Tél. : 01 45 83 38 51.
Font: Le Figaro